Danser pour enlever les blessures les plus douloureuses

    L'histoire de Bolewa Sabour, chorégraphe franco-congolaise qui soutient les femmes victimes de viols et d'agressions sexuelles par la danse.

    Danser pour redonner leur dignité aux femmes victimes de violences. Il s'agit de Bolewa Sabourin, un chorégraphe franco-congolais qui s'est donné une mission : soutenir ceux qui ont subi des viols et des agressions sexuelles grâce à l'utilisation de danse, vu comme un outil puissant pour surmonter les obstacles et reprendre possession de son corps. Elle le fait aussi bien en France qu'au Congo, sa patrie.





    Né à Paris d'un père congolais, professeur de danse et d'une mère française, il y a tout juste 34 ans, son histoire est faite de chaos et de peu d'harmonie, comme l'explique Bolewa lui-même : son père l'a envoyé dès sa naissance au République démocratique du Congo pour l'avoir laissé grandir avec sa grand-mère, mais les tensions politiques du pays l'ont ramené dans la capitale française à l'âge de six ans.

    "À ce moment-là, j'ai dû apprendre à vivre dans un contexte différent de la réalité que je connaissais, en cherchant des moyens de maintenir son identité en incorporant de nouveaux codes".

    Et il l'a fait de la meilleure façon. Son engagement l'a amené à participer activement à des groupes sociaux tels que Stop le Contrôle au Faciès et Jeudi Noir, tous deux impliqués dans des actions contre les abus policiers. Diplômé en sciences politiques de la Sorbonne à Paris, Bolewa Sabourin a toujours été convaincu d'une seule chose : la seule forme de résilience qui permet d'être soi-même est la danse.

    Et c'est pourquoi depuis trois ans, il se consacre aux femmes victimes de violences sexuelles essayant de leur offrir une sorte de thérapie par l'intermédiaire du danse et l'intégrer comme moyen et outil de réappropriation des corps.

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    De cette idée est née Re-création, l'un des projets portés par l'association dont il est co-fondateur, alors que l'idée, eue avec son ami William Njaboum, de Loba (« Exprimez-vous », en lingala), de mettre la danse au service des gens.

    En République Démocratique du Congo (RDC), le viol est utilisé comme arme de guerre, pour faire fuir les gens et piller les richesses minérales, dont le Coltan, un minéral essentiel à la fabrication de nos téléphones portables, lit-on sur le site.



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    Le projet de reconstruction créé par LOBA a veillé à utiliser l'art même de la danse comme instrument de mobilisation contre le viol comme arme de guerre et la violence contre les femmes, ainsi que pour accompagner les survivantes à travers un parcours de danse comme thérapie.

    Le projet se déroule à la fois en République Démocratique du Congo et en France. En France, Re-Création met en place un protocole de traitement de la danse vue comme un instrument d'émancipation et d'expression permettant aux personnes ayant subi des violences d'extérioriser leurs traumatismes et de se libérer. Ici, Bolewa travaille principalement avec deux associations : Ikambére, qui vient en aide aux femmes vivant avec le VIH, et PluriElle Hospital, qui soutient les femmes de 18 à 25 ans ayant subi un traumatisme.

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    Quant à la République Démocratique du Congo (RDC), la danse offre à une femme victime de violences un moyen de lutter contre la domination masculine :

    « Le corps a toujours été l'instrument de domination patriarcale par excellence, où que l'on se trouve dans le monde. Il a toujours traversé le corps. On a rendu la domination naturelle en parlant de 'sexe fort', parce que les hommes ont du muscle et de la testostérone, et de 'sexe faible' quand on parle des femmes", explique Bolewa, qui a vu de près un pays où diverses pratiques de mutilation et d'inhibition des normes sociales étaient pratiquées. c'est aussi un moyen de maintenir cette même domination.



    « Plus les femmes ont trouvé des moyens de prouver leur humanité, plus nous, les hommes, avons trouvé des moyens physiques de les forcer à rester sous cette domination. Donc, pour nous, la réappropriation du corps est une étape essentielle dans la réappropriation de l'histoire des femmes ».

    Violer une femme, c'est la détruire, l'aider à reprendre confiance est un devoir. Bravo Bolewa et ceux qui, comme vous, se battent pour réaffirmer les droits de chaque individu.

    Germaine Carillo
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